Pôle Emploi : une Intelligence Artificielle pour trouver du travail
Situation : vous venez péniblement d’obtenir un Master en droit après deux années de Covid-19. Nous sommes donc en 2022 (il est inutile d’attendre 2077 pour avoir une Intelligence Artificielle douteuse), et vous commencez votre recherche d’emploi. Époque numérisée, nul besoin de se déplacer au Pôle Emploi le plus proche. Vous vous rendez par conséquent sur le site favori des français. Curieusement, aucune interaction humaine ne viendra vous ralentir dans votre recherche. Une IA choisira pour vous, et en fonction de vous, l’emploi qui vous est adapté. Après quinze minutes à entrer vos informations le verdict tombe : on vous propose un poste d’électricien.
Fiction ou réalité ? A quel point se rapprochera-t-on de la vérité ?
Sur Emploi Store (Pôle Emploi), Floofy ici présent, est un chatbot comme on en trouve de plus en plus dans les services que nous utilisons (banque, assurance, achats etc). Il essaye tant bien que mal de nous aider à trouver du travail mais il est en période d’essai et manque malheureusement d’expérience.
Lancement du projet
Intitulé Intelligence Emploi, c’est le projet commun de Pôle Emploi et du Ministère du Travail, issu d’un appel à projet parmi les 17 dossiers validés dans le cadre du programme Action Publique 2022. Le gouvernement a mis en place un fonds à la Transformation Publique de 700 millions d’euros sur cinq ans pour les lauréats. Intelligence Emploi a ainsi bénéficié d’une enveloppe de 20 millions d’euros.
A titre d’information, les projets avec les budgets les plus conséquents sont le développement d’une offre Cloud d’Etat pour les administrations publiques et France Connect.
Mais concrètement, quel est le but d’Intelligence Emploi ? Quel type d’Intelligence Artificielle a été incorporé ? Est-ce que les conseillers Pôle Emploi doivent désormais eux aussi s’inscrire à Pôle Emploi ?
Remplacement des conseillers humains ?
Si l’idée que l’intelligence artificielle remplace votre conseiller favori vous fait peur, en réalité, il n’en est rien. Le développement de ce projet a pour unique but d’aider les conseillers avec l’Intelligence Artificielle. De la même manière que l’IA dans la Justice avec l’aide à la décision, le but est de soutenir les conseillers dans leur travail. On peut subdiviser l’objectif d’Intelligence Emploi en deux :
- Il s’agit d’automatiser les tâches simples et répétitives pour permettre aux conseillers de se recentrer sur l’accompagnement : c’est un gain de temps.
- Une exploitation efficace des données par l’algorithme afin d’améliorer la recherche, les besoins et le recrutement de l’entreprise. L’objectif est clair : accélérer le processus de retour à l’emploi durable.
Pôle emploi avance aussi les arguments des coûts. En effet, cela réduirait le prix du fonctionnement et le retour à l’emploi plus rapide diminuerait le coût du chômage. On comprend pourquoi Intelligence Emploi a gagné l’appel à projet avec de tels arguments. Néanmoins, l’utilisation d’une IA a un prix.
La solution presque trop parfaite
Avec le développement de l’IA et des algorithmes qui traitent des données, d’autres problèmes, qui viennent remplacer ceux que l’IA avait éradiqués, sont apparus.
Intelligence Emploi doit répondre premièrement à la problématique humaine. Le rôle du conseiller doit rester primordial, il faut un humain dans la recherche d’emploi où le social est plus qu’important. L’IA n’a pas d’empathie, et que penser de nos compatriotes touchés par la fracture numérique ? Certes, pour l’instant il ne remplace pas le conseiller dans son rôle d’accompagnateur mais il réalise certaines tâches et participe au conseil. La question de la discrimination de l’algorithme peut, et s’est posée. L’humain reste décisionnaire et au centre du processus. Intelligence Emploi a ainsi donné des garanties.
- Refus de l’intervention dans l’IA dans des domaines
- L’information et l’explication du fonctionnement de l’algorithme à sa disposition (via le chatbot par exemple)
Ces garanties sont inscrites en bas du site avec les mentions légales, les contacts etc. Ainsi, on retrouve les calculs des différentes allocations faits par l’algorithme ainsi que les dispositions légales sur lesquels ils s’appuient. En l’occurrence, ce sont les articles L311-3-1 et L312-1-3 du Code des Relations entre le Public et l’Administration. En plus de cette garantie, on retrouve celle relative au traitement des données.
Le traitement des données par l’algorithme est la seconde problématique de l’IA. Classiquement, Pôle Emploi garantit la fiabilité des données, leur confidentialité et sécurité, et s’appuie évidemment sur la notion essentielle du consentement. Le respect du RGPD est de rigueur afin d’éviter tout détournement et manque de transparence.
Les perspectives d’évolution
Après quatre années de mise en œuvre, l’utilisation de l’IA au sein de Pôle Emploi est régularisée et banalisée. Les garanties sont inscrites légalement et le rôle d’Intelligence Emploi reste de l’aide à la décision. Le projet de financement s’arrêtant l’année prochaine, il semblerait que l’IA continue de se développer au sein des administrations publiques. Le refus de l’intervention d’un algorithme et surtout l’assurance d’une étude humaine sont les meilleures armes contre les potentiels discriminations et détournements. Si l’efficacité d’Intelligence Emploi est difficile à prouver, il est possible de la mettre à l’épreuve avec une demande simple : trouver un stage à un humble étudiant en Master 2 Cyberjustice.
Source :
L’intelligence artificielle pour Pôle emploi (generation-nt.com)
Pôle Emploi et Rocket School testent l’IA pour le recrutement et la formation (lemagit.fr)
Algorithmes |Pôle emploi (pole-emploi.fr)
Protection des données personnelles |Pôle emploi (pole-emploi.fr)